Quentin Ory et Marine Bocabeille ont imaginé un nouveau jouet en plastique recyclé, un van très “fifties” made in France et produit en Bretagne. Pour ce Noël 2019, plus de 2 000 “Mini Mondes” seront sous le sapin. Interview pleine d’énergie, malgré les jours et nuits consacrés à la préparation et la livraison des jouets avant le 24 décembre !

Ebzh : “Comment vous est venue l’idée des Mini Mondes ?”

-Quentin : “On a ce projet depuis un an, parti de deux constats, le jouet ça pollue, et les parents nous disent que les valeurs qu’ils ont envie de transmettre à leurs enfants, ils ne les retrouvent pas dans l’univers du jouet, les princesses, les pompiers, ils souhaitent autre chose, de nouvelles valeurs. Alors on a crée les Mini Mondes, une famille qui part faire le tour du monde avec son van et tous les 2 mois, nous proposons une nouvelle destination, Bali, le Chili pour transmettre aux enfants la découverte du monde. Côté production, on est sur de l’éco conception, les jouets sont en plastique recyclé, bio-dégradables et 1% des bénéfices est utilisé pour aider les enfants à voyager. Avant de se lancer, on a rencontré 200 parents qui nous ont donné les grandes tendances de ce qu’ils souhaitent comme jouet et il faut une dream tream ! A titre personnel, Marine et moi sommes dans la cible (ils ont à peine 30 ans), on n’est pas encore parents, car entrepreneurs (rires), mais nous sommes parrain, marraine, entourés de jeunes parents, on veut nous aussi offrir des jouets différents.

Ebzh : “Pour qu’un projet se concrétise, c’est avant tout une aventure humaine ?”

-Marine : “Nous avons choisi dès le départ d’être proches des parents, on n’a pas imaginé les choses seuls dans notre coin et puis ce sont des rencontres. Nous avons tout de suite travaillé avec un studio de design nantais “Studio Boost” spécialisé dans l’enfance. Ils nous ont conseillé un bureau d’études à Angers et ce dernier nous a fait rencontrer Actuaplast en Bretagne qui produit nos jouets. Nous sommes tous animés par l’envie de faire les choses différemment, fabriquer un jouet en France, dans un rayon de 300 km autour de Nantes. Ce sont des partenaires plus que des prestataires.”

Ebzh : “En même pas un an, vos jouets sont à la vente pour Noël, tout est allé très vite !”

-Quentin : “on a été ultra vite, grâce à la mobilisation de chacun. En juillet, on faisait notre première vidéo pour avoir des pré-commandes, on en a vendu plus de 1000 ! Il y a des gens qui sont revenus de congés au mois d’août et avec Marine on y met une énergie de dingue ! C’était nécessaire d’avoir Noël 2019 comme fil rouge. 70% des jouets vendus le sont en novembre et décembre.

-Marine : “Le “produit en Bretagne”, il fait sens, on est super fiers de se dire qu’on fabrique des jouets en Bretagne en récupérant des matériaux de production, essentiellement de l’agroalimentaire, des pots de yaourt par exemple. Cela nous coûte 4 fois plus cher mais les parents, aujourd’hui, font des efforts sur tout, manger mieux, aller au boulot à vélo. Dans le jouet, tu n’avais pas d’autres offres, il fallait absolument qu’on puisse proposer une alternative dès 2019 !”

Ebzh : “Produire ces jouets coûte plus cher, comment convaincre les investisseurs ?”

-Quentin : “Oui c’est sûr que fabriquer du jouet made in France, c’est un sacré investissement de départ. On a pu rassurer car nous avions des pré-commandes, nous avons pu obtenir sans trop de difficultés un prêt de 150 000 euros.”

-Marine : “Et puis, les valeurs que nous véhiculons sont celles de l’époque, elles sont faciles à suivre. On veut faire du local, avec l’empreinte carbone de nos jouets la plus faible possible, c’est dans la tendance du moment, notre projet avait facilement une écoute attentive.”

Ebzh : “C’était une évidence pour vous d’entreprendre ?”

-Quentin : “Moi, je ne sais rien faire et je bouge dans tous les sens donc c’était une évidence (rires). Il n’y a pas une journée qui se ressemble, tu fais des trucs de dingue quand tu entreprends ! On travaille nuit et jour et pourtant on n’a pas l’impression de travailler.”

-Marine : “J’ai un parcours plus classique. J’ai fait beaucoup de choses avant, j’ai été responsable de réseau dans le retail, de SAV, ça faisait un moment que j’avais cette frustration j’avais besoin de ce 360 degrés. J’arrivais pas à tenir plus d’un an dans les jobs. Une amie entrepreneuse m’a dit que je devais entreprendre mais toute seule je le sentais pas. Elle m’a fait rencontrer Quentin et elle avait raison ! Je me suis tout de suite retrouvée dans ses valeurs trop cool, l’univers de l’enfant…”

Ebzh : “Des conseils à donner pour celles et ceux qui voudraient se lancer ?”

-Marine :” Il faut aller vite, rencontrer les clients, se mettre un timing serré, c’est grâce à notre deadline de Noël 2019 qu’on a 2 500 clients. Selon moi, il faut être proche des attentes et rapide dans ta prise de décision.”

-Quentin : “Pareil que Marine mais je rajouterais lisez le livre “Lean Startup”, pour moi c’est indispensable et entourez-vous d’un incubateur, un mentor. Tout seul, on a du mal à avoir l’expertise, la prise de recul nécessaire. Il faut que quelqu’un puisse te driver, te remettre en question. Parfois tu as l’impression que ton idée est géniale, mais en fait pas du tout !”

Ebzh : “Quelles sont les prochaines étapes ?’

-Quentin : “Nos vidéos sur les réseaux sociaux ont énormément de vues, on ne sait pas précisément qui sont les acheteurs de nos jouets.”

-Marine :”En gérant la logistique nous-même, nous constatons que nous avons pas mal de grands-parents qui n’ont pas forcément Instagram. Dès la mi-janvier, nous allons recontacter tout le monde pour mieux définir nos persona.”

Ebzh : “Vos bonnes résolutions pour 2020 ?”

Quentin et Marine (éclats de rire): “Prendre des vacances, dormir ! On n’a pas eu le temps d’y réfléchir, on se recontacte le 2 janvier ?”