À 56 ans, Olivier Clanchin a gardé des traces d’enfance dans son regard clair. Et ses yeux s’embuent parfois, fugitivement, lorsqu’il évoque son parcours familial. Il dirige depuis 2005 l’entreprise familiale agroalimentaire fondée par ses grands-parents Maxime et Olga Triballat, en 1951 à partir d'une laiterie locale, puis pilotés ensuite par ses parents Françoise et Jean. À l’époque, pour se différencier d’une autre affaire détenue par des cousins, à Rians (Cher), l’entreprise s’était appelée Triballat Noyal, du nom de la commune de Noyal-sur-Vilaine, à l’Est de Rennes, où elle est implantée. Mais bien que les deux entreprises aient développé des synergies, notamment dans le domaine de la logistique, il y avait parfois des confusions entre les deux sociétés.

Aujourd’hui, l’entreprise brétillienne s’apprête à écrire un nouveau chapitre de sa longue histoire en décidant de… se rebaptiser. À partir de ce 1er avril 2022, Triballat Noyal devient Olga. Cela vous dit quelque chose ?

Comme une évidence

« J’ai engagé une réflexion de changement de nom, dans une logique d’intelligence collective, en 2018, dans le cadre de projet stratégique collaboratif à horizon 2035 », se souvient Olivier Clanchin. Non sans craintes, au départ. Sa mère, Françoise, née Triballat - qui fut maire de la commune durant deux mandats, de 1995 à 2008 -  s’inquiète ainsi de voir disparaitre son patronyme du fronton de l’entreprise, toujours détenue à 100% par la famille, et qui a son siège dans l'ancienne maison familiale, à deux pas de la place de l'église. Rapidement, pourtant, Olivier réunit un petit groupe de collaborateurs pour réfléchir à cette évolution. « Tout est alors allé très vite. A l’issue d’une première réunion d’une heure trente, le nom d’Olga, prénom de ma grand-mère, s’est imposée comme une évidence », confie Olivier. En 2013, déjà, il avait souhaité rendre hommage à cette « mamie Olga » décédée en 2002 et dont il était très proche, en donnant son nom au fonds de dotation de l’entreprise destiné à « mettre l’alimentation au service d’une santé durable ». Sans se douter, à l’époque, que ce prénom deviendrait la future signature de cette ETI qui compte aujourd’hui 18 sites et emploie 1350 salariés, pour 335 millions de chiffre d’affaires.

Triballat Noyal, une affaire de famille. De gauche à droite: Jean Clanchin, père d'Olivier, décédé en 2020, son épouse Françoise, Olga Triballat et Olivier Clanchin. Photo prise vers 1996. (DR)

Trèfle à quatre feuilles

Qui dit nouveau nom, dit nouveau logo. Pour l’imaginer, Olivier a fait appel au directeur de création indépendant Ivan Froment. Le résultat ? Une écriture cursive qui évoque un trèfle à quatre feuilles. Un choix qui mérite explication. « Mamie Olga avait un vrai talent pour trouver des trèfles à quatre feuilles, symbole de chance et de valeurs fortes. Elle en offrait régulièrement à son entourage, sans oublier ses petits-enfants. À chaque nouvelle année, je collais son trèfle porte-bonheur sur la première page de mon agenda », se remémore Olivier avec émotion.

« L’écriture du logo Olga, avec ce l qui est lié au g, symbolise le prendre soin, la proximité qui nous caractérise. Notre signature : « un présent pour l’avenir », traduit notre enracinement et c’est un clin d’œil aux cadeaux que nous fait la nature », décrypte encore l’actuel dirigeant.

Le logo a été créé par le designer indépendant Ivan Froment.
« Cette transformation de l’entreprise me reconnecte à des moments importants de ma vie. Cela me permet aussi de garder espoir dans l’avenir, dans la période troublée que nous connaissons ». Olivier Clanchin

Démarche RSE

Dès ce 1er avril, début d’une nouvelle « année laitière » – l’entreprise clôt ses comptes annuels au 31 mars-, Triballat Noyal s’efface donc pour devenir Olga. Avec un nouveau site internet, de nouvelles adresses de messageries, la mention progressive sur les emballages de ses nombreux produits (marques Vrai, Sojasun, Sojade, Grillon d’or, Vrai, Tante Hélène, Petit Billy, pour ne citer que les plus connues).

« Cette transformation me reconnecte à des moments importants de ma vie. Cela me permet aussi de garder espoir dans l’avenir, dans la période troublée que nous connaissons, souligne Olivier Clanchin. J’ai la chance de diriger une entreprise 100% familiale, avec un lien étroit entre l’actionnariat et la gouvernance ».

Très engagée dans la démarche RSE, Olga, puisque c’est ainsi qu’il faut désormais la nommer, se situe au niveau le plus élevé de l’évaluation de la norme RSE ISO 26000, la référence en la matière. « Sans en avoir le statut, j’estime être à 200% une entreprise à mission, fidèle à sa raison d’être qui est plus essentielle que jamais : « être source de vie pour les hommes et la planète », conclut le dirigeant.

Au fait, comment sa maman Françoise a-t-elle réagi à l’annonce du nouveau nom ? « Avec beaucoup d’émotion, et de fierté aussi », confie son fils avec pudeur. L’histoire familiale se poursuit donc. Et les trois enfants d’Olivier, âgés de 23, 21 et 17 ans, pourraient bien un jour, à leur tour, poursuivre l’aventure initiée par leur arrière grand-mère qui a vécu jusqu'au bout dans la maison familiale qui porte désormais son prénom.