Annulation d’évènements, chambres d’hôtel vides, fournisseurs décommandés, les mesures prises pour limiter la propagation du coronavirus en France mettent à mal l’économie du pays. Des pertes sèches pour les entreprises, les assurances ne couvrent pas cette crise sanitaire.

“Il va falloir rembourser les exposants, annuler les prestataires, les animations, sans parler des hôtels, restaurateurs qui vont être impactés”, déplore Nathalie Guérin, directrice adjointe du Parc Expo de Rennes. L’arrêté préfectoral, pris ce mercredi après-midi, annule la Foire internationale de Rennes prévue du 21 au 29 mars. “Les autorités ont demandé quelles nationalités seraient présentes, le nombre d’exposants. La foire de Rennes c’est 5 000 exposants, les 3/4 viennent de Bretagne et plus de 100 000 visiteurs, toute l’économie locale est touchée”, s’inquiète Nathalie. Pour le Parc Expo, les pertes se comptent en plusieurs milliers d’euros voire plus. “C’est 6 mois de travail et tant d’acteurs locaux qui se retrouvent au pied du mur, ça fait mal au coeur”. Pour les exposants, c’est la douche froide. “Je viens d’appeler mon fournisseur pour décommander, il perd près de 7 000 euros. Je suis obligée d’annuler les contrats de travail de 3 personnes que j’embauchais pour le salon”, explique Lydia restauratrice depuis 15 ans à la foire de Rennes. L’annulation à titre préventif face aux risques de propagation du coronavirus est incompréhensible pour cette patronne de PME. “Disneyland, les supermarchés, ces lieux très fréquentés, on ne les ferme pas parce que l’impact économique serait trop important pour ces structures, par contre, nous les petits, qui n’avons pas les reins solides, on nous annule des évènements qui nous génèrent un chiffre d’affaires important”, s’agace Lydia.

Le coronavirus n’est pas couvert par les assurances

Cette crise, c’est du jamais vu pour ces professionnels ! Les entreprises touchées par les annulations, reports, confinement, ou autres mesures de précaution face au coronavirus ne sont pas couvertes par ce type d’évènement. “Nous avons appelé notre assureur mais il n’existe pas de clause “coronavirus”, les pertes sont à notre charge”, constate la directrice adjointe du Parc Expo de Rennes. Le secteur du tourisme est un des premiers touchés. La ville de Carnac fait partie des foyers déclarés du coronavirus, pour les hôteliers-restaurateurs la période de quarantaine est difficile à vivre. “Depuis lundi, nous avons des annulations de chambres, des groupes déclinent les réservations prévues au restaurant, on attend les 14 jours avec impatience”, précise Stéphane Cosnier propriétaire de l’hôtel-restaurant 3 étoiles Lann Roz à Carnac. Mais le morbihannais invite à ne pas céder à la psychose, “nous avons aussi des gens qui réservent ! Nous sommes évidemment compréhensifs avec notre clientèle, nous remboursons même les formules non annulables, non remboursables, en espérant qu’ils reviennent chez nous une fois que cet épisode sera passé !”. Du chiffre d’affaires en moins, des charges qui restent, la santé financière de certaines entreprises peut être en jeu. Le syndicat des indépendants (SDI), qui représente les TPE, alerte les pouvoirs publics sur la précarité financière de ces structures. “Nous sentons monter la tension parmi nos adhérents. Ils sont désemparés face à une nouvelle crise majeure sur laquelle personne n’a d’emprise. Dans ces circonstances exceptionnelles, il est impératif que les pouvoirs publics prennent la mesure de la catastrophe économique qui se prépare et décrètent un état de catastrophe sanitaire pour l’indemnisation des pertes des TPE “, déclare Marc Sanchez, secrétaire général du SDI, dans un communiqué. Face à ce phénomène nouveau, qui n’est pas couvert par les assurances, le SDI demande aux pouvoirs publics de décréter un état de catastrophe sanitaire au sens assurantiel de “catastrophe naturelle”. 

Le gouvernement en soutien aux PME

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a annoncé des mesures d’aides aux PME telles que le recours à l’activité partielle et l’étalement des charges sociales et fiscales pour les entreprises qui en auront besoin. Pas suffisant pour les entreprises touchées. “Echelonner c’est bien, mais c’est toujours payer alors que ces évènements annulés c’est de l’argent qui ne rentre pas”, explique la restauratrice qui subit l’annulation de la foire de Rennes. Le gouvernement a pris aussi une mesure supplémentaire réclamée par les PME : l’État considère désormais le coronavirus comme un cas de force majeure pour ses marchés publics. Cela veut dire qu’en cas de retard de livraison, l’État n’appliquera pas de pénalités. Les conséquences économiques de la présence du coronavirus sur le territoire français sont prises très au sérieux par le gouvernement. La croissance française a déjà été revue à la baisse pour 2020.