Dans un courrier adressé aux professionnels du BTP, le gouvernement les appelle à retourner travailler. Incompréhension du secteur du bâtiment ! Les entreprises ont pour la plupart fermé et mis leurs salariés au chômage partiel. Certaines reprennent leurs chantiers, inquiets pour la santé de leurs salariés.

“C’est du grand n’importe quoi ! Mardi nos syndicats la CAPEB et la FFB, nous conseillent de fermer nos chantiers. Je fais les démarches pour mettre en place l’activité partielle et mercredi, coup de fil de mon comptable, le ministère de l’intérieur fait comprendre que nous ne sommes pas éligibles aux conditions évoquées par le gouvernement. En gros, pas d’indemnisation à 100% des salaires et refus si l’entreprise n’a pas de difficultés financières. Du coup, j’ai rappelé mes gars et on est de retour sur les chantiers depuis ce jeudi”, explique, pantois, Fabio Romanelli, dirigeant d’une société de construction en Bretagne. Ses 3 salariés retournent au travail avec une certaine inquiétude, mais sans avoir vraiment le choix puisque le chômage partiel ne sera pas accepté. “J’ai encore pour 3 semaines de travail parce que j’ai encore du stock! Tous les fournisseurs sont fermés, impossible d’avoir du sable, du ciment, ou même une truelle. Ils veulent qu’on travaille comment ?”, s’interroge le patron de Roma Construction.

Les syndicats contestent l’appel à poursuivre les chantiers du BTP

Le courrier adressé le 17 mars, dont vous trouvez une copie ci-dessous, demande aux entreprises du BTP de continuer leurs activités. Le bâtiment compte plus de 2 millions de salariés et est le premier employeur de France, c’est un secteur porteur pour l’économie du pays. “Ils ont dû se rendre compte que ça allait leur coûter trop cher en chômage partiel!”, pense Fabio Romanelli. Dans ce télégramme, Christophe Castaner précise que :

et de poursuivre :

La CAPEB, syndicat patronal de l’artisanat du bâtiment qui défend les intérêts des TPE et PME du bâtiment parle “d’incompatibilité du travail sur les chantiers avec le respect des conditions sanitaires strictes” dans un communiqué du 18 mars. La FFB (fédération française du bâtiment) représente 50 000 entreprises du BTP. Ce jeudi soir, son dirigeant, Jacques Chanut, s’offusque des propos de la Ministre du travail qui a parlé, dans les médias, de “manque de civisme” de la part des professionnels qui ont fermé leurs entreprises. Le syndicat demande aux autorités de “…faire preuve de responsabilité comme nous le ferons, en tant qu’acteur économique, pour maintenir nos chantiers chaque fois que ce sera -réellement- possible et pour poursuivre les interventions d’urgence”, et de proposer “une réunion d’urgence…pour définir ensemble les procédures de protection sanitaire de nos compagnons acceptées par tous.” La FFB renouvelle la demande d’arrêt temporaire des chantiers (10 jours), sauf pour les travaux d’urgence, pour réfléchir aux procédures de mise en sécurité des salariés et s’organiser.

Le patron de construction, Fabio Romanelli, a mis en place quelques mesures mais rien de très convaincant selon lui. “J’essaie de faire en sorte qu’ils soient pas 2 dans la même camionnette mais quand vous êtes sur un chantier, si un gars pose un outil, l’autre va le prendre. On ne peut pas assurer des règles d’hygiène strictes. Personne nous fournit en masque ou gants.” Le dirigeant de Roma Construction comme bon nombre d’entreprises du bâtiment sont tiraillés entre la sécurité de leurs salariés et celle de leurs clients. “Nous sommes sur un chantier où vit une dame âgée, on essaie de lui parler le plus loin possible. Certains clients, inquiets, nous demandent si on va rentrer chez eux mais parfois on n’a pas le choix!”, précise Fabio Romanelli. Les entreprises du BTP attendent des autorités une réponse rapide à leurs préoccupations.