Une génération sacrifiée ? Ils sont des milliers de jeunes à rechercher des stages, un apprentissage, une alternance. En sortie du confinement, les entreprises sont frileuses à embaucher. L’Union des Entreprises 35 appelle les chefs d’entreprise à faire preuve de solidarité. Si on lui demande quelles sont ses qualités, Noëllie, étudiante en 3e année de Communication à la MédiaSchool, hésite puis dit : “Je suis polyvalente, j’essaie de bien faire mon travail…je suis pas un boulet, quoi !”, rajoute-t-elle dans un éclat de rire. Noëllie, comme bon nombre de ses copains de promo, cherche un contrat en alternance pour faire son master, pas simple à trouver dans ce contexte économique morose. “C’est vrai que nous ne sommes pas sereins. Nous avons organisé des job dating par visio conférence, à la dernière aucune entreprise n’était présente. On sent que ce n’est pas le bon moment pour elles”, constate Christophe Lechat, directeur de l’école, qui a 90 étudiants en recherche active d’entreprises pour un contrat de professionnalisation ou d’apprentissage. En période économique classique, 80% trouvent chaussure à leur pied. Mais cette année 2020 n’est pas comme les autres. D’après les derniers chiffres de l’OCDE publiés début juin, l’ampleur de la récession due à la crise sanitaire sera de 11,4% en 2020 en France, avec des chiffres du chômage en hausse, les perspectives économiques ne sont pas florissantes et freinent les entreprises à s’engager. Selon une étude de Job Teaser réalisée en avril dernier, 30% des jeunes ont vu leur offre d’emploi ou de stage annulée ou décalée. Et ceux qui avaient déjà signé un contrat ne se sont pas retrouvés forcément à l’abri : 19% ont ainsi dû renoncer à leur stage, alternance ou CDI. Constatant cette situation critique, la quasi-unanimité des universités, écoles de commerce et écoles d’ingénieurs du panel de sondage pensent que “l’employabilité de leurs étudiants est affectée”. “On est allés chercher des stages avec les dents”, affirme, presque amusé, Christophe Lechat. Ses étudiants en Bachelor ont un stage de fin d’année obligatoire qui devait débuter début avril. “Autant dire pas la bonne période ! Normalement, nous laissons en autonomie nos jeunes pour trouver leurs stages mais là nous les avons aidés en faisant jouer nos carnet d’adresses. Tous ont trouvé une entreprise mais ça n’a pas été de tout repos !”, explique le directeur. Pour éviter un effondrement des contrats d’apprentissage, l’Etat met la main à la poche. Une aide financière à l’embauche d’apprentis sera versée entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021 aux entreprises qui embauchent des alternants titulaires d’un CAP ou d’une licence professionnelle. Le montant de cette prime sera de 5.000 euros pour l’embauche d’alternants de moins de 18 ans ou de 8.000 euros pour les alternants majeurs. L’objectif du gouvernement est clair, maintenir le niveau d’embauches des apprentis en 2020 à celui, record, de 2019, soit plus de 480 000 jeunes. Le hic, c’est que ces aides s’arrêtent au bac+3. “Nos alternances débutent après la 3e année à la MediaSchool. Les entreprises que nous visons ne pourront pas prétendre à ces aides. Nous essayons d’inciter le gouvernement à étendre ce dispositif aux niveaux Bac+4 et Bac+5”, précise Christophe Lechat. Noëllie a passé deux entretiens et croisent les doigts pour que cela puisse aboutir à la signature d’un contrat. “J’essaie d’être optimiste, positive, il ne faut pas baisser les bras même si l’on sait que cette année ce sera plus difficile que les autres années”, explique la jeune étudiante. Ne pas trouver de contrat ? Pour l’instant, elle ne l’envisage pas. “En septembre, je vais commencer à désespérer mais pas maintenant, là je m’accroche!”, affirme-t-elle combattive. C’est vrai que ce mois de juin n’est pas propice, les entreprises sont concentrées sur le redémarrage de leur activité. Christophe Lechat, soucieux de l’avenir de ses étudiants, a déjà les arguments clé pour convaincre les entreprises. “Il faut que les chefs d’entreprise se donnent les moyens d’être prêts pour l’avenir et embaucher un alternant, c’est la solution ! Nos jeunes sont surmotivés, ce sont eux qui vont construire le monde de demain”, prêche-t-il. Ces milliers de jeunes seraient donc une génération “sacrifiée”, expression qui revient régulièrement au fil des crises. Pour éviter cet état de fait, l’Union des Entreprises 35, organisation patronale d’Ille-et-Vilaine, a publié ce 22 juin un communiqué à destination des entreprises. “En raison du contexte Covid-19, de nombreux étudiants de notre département se trouvent confrontés à des recherches infructueuses ou des annulations de stages ou de contrats en alternance(…). Nous attirons votre attention sur l’urgence dans laquelle se trouvent des étudiants, dont certains doivent réaliser leur stage avant fin septembre. Merci pour votre soutien et votre mobilisation !”. Joint à ce texte, le lien avec la liste des besoins des universités et écoles pour leurs élèves et le contact de leurs tuteurs (que vous trouverez ici). Les difficultés ne sont pas tant pour les jeunes en quête d’apprentissage dans le bâtiment, métallurgie ou autre métier manuel mais ce sont bien les étudiants avec un parcours plus général qui sont les plus touchés. Des jeunes qui multiplient les canaux de diffusion. CV envoyé aux entreprises, réseaux sociaux avec les parents qui relaient les demandes de leurs enfants pour faire jouer leurs contacts. C’est le cas d’Alexandre qui a publié sa demande sur linkedIn. Il a jusqu’à fin juillet pour trouver son stage, stage qui lui validera son année d’étude. Chez Ebzh, on a essayé à notre manière de lui donner un coup de pouce. Vous trouverez ci-dessous sa demande ! Quant à Noëllie Lebossé, Bachelor de communication en poche, elle cherche une entreprise dans le secteur de Rennes, avec des missions intéressantes, et une ambiance sympa. A bon entendeur ! Aides de l’Etat à l’emploi d’un apprenti
Entreprises, soyez solidaires !