Des vacances dans l’Hexagone, c’est ce qui attend les français pour cet été 2020. La Bretagne a développé il y a plusieurs années le slow tourisme. Grands espaces, séjours sans voiture, tourisme local, certains professionnels du secteur veulent croire en ce tourisme “vert”, loin du tourisme de masse.

“On est au milieu de nul part mais au centre de tout”, s’amuse Urte Hiestermann, propriétaire des “Troglogîtes des Monts d’Arrée”, gîtes situés dans le Finistère, à 50 km en moyenne de Morlaix, Brest, Carhaix, Quimper. Urte et son mari font partie de la famille des “rétro littoral”. Un terme pas très élégant pour parler des acteurs du tourisme en Bretagne qui sont côté campagne et pas côté mer. Les collectivités locales bretonnes, comme à St Brieuc ou dans le Golfe du Morbihan ont développé le tourisme “vert” de leur territoire. “Il y a eu une forte volonté de politiques environnementales. La Bretagne est la deuxième région de France en nombre de logements avec eco-label”, explique Stéphane Legrand, de Colibiri Tourisme, une agence de conseil en développement touristique. Séné, commune du Morbihan, fait partie du Parc naturel régional du Golfe du Morbihan, certains professionnels se sont déjà engagés dans une démarche eco-responsable. “Nous avons des restaurateurs labellisés, c’est-à-dire qu’ils s’engagent sur des mesures environnementales, sociales et locales. Ils participent aux animations de la ville. Nous développons l’idée d’un tourisme tourné vers l’économie circulaire”, précise Damien Rouaud, élu en charge du développement touristique et du commerce à la mairie de Séné.

La Bretagne, terre du slow tourisme ?

Les deux mois de confinement, la limite géographique des déplacements, les français vont-ils vouloir se tourner vers un tourisme de proximité, plus écologique, bref vers le slow tourisme ? Cette tendance n’est pas nouvelle mais va-t-elle connaître un nouvel essor cet été 2020 ? En Bretagne, 80% des touristes sont français, 20% étrangers. Voire même ce sont des bretons qui prennent leurs vacances en Bretagne. “Nos gîtes sont loués essentiellement par des finistériens, ou des personnes des départements voisins. Ils posent leur voiture et après ils partent en randonnée ou en balade sur la calèche de mon mari”, constate Urte. La mairie de Séné participe à la promotion de séjours sans voiture. “Avec la communauté d’agglomération, un passeur permet de traverser le golfe de Vannes à Séné, cela fait gagner 18km. Nos visiteurs peuvent louer des vélos, qui sont aussi à disposition dans les gîtes alentour. Nous sommes, dans notre catégorie, la 2e ville de France cyclable”, se félicite Damien Rouaud. Colibri Tourisme souhaite que le tourisme aille vers la qualité et pas vers un tourisme de masse. “Le tourisme, c’est des vacances, des rencontres, des échanges, avant d’être une industrie”, rappelle Stéphane Legrand. Urte et son mari ont ouvert leurs gîtes il y a 8 ans dans cette idée d’échange avec leurs visiteurs. “On aimerait que les séjours soient plus longs pour avoir un temps de partage avec nos hôtes. Nous sommes là pour les conseiller, leur donner des idées de visite, les bons producteurs à rencontrer”, explique la propriétaire des “Troglogîtes”.

Privilégier l’économie locale

Stéphane Legrand accompagne les acteurs du tourisme qui veulent aller vers un tourisme durable. “Cette crise a déclenché chez ceux qui y étaient déjà sensibles une envie d’aller plus loin”, constate-t-il. Cet engagement se traduit par un changement de consommation. Travailler avec le boulanger du coin, valoriser les artisans locaux. “Nos clients aiment savoir que mon pain vient de tel boulanger, que mes confitures sont faites maison. On n’achète pas du jus d’orange en grandes surfaces mais du jus de pomme d’un producteur voisin. C’est notre rôle de mettre en avant et de faire fonctionner l’économie locale”, précise Urte. Stéphane Legrand est persuadé que la Bretagne a cette “carte verte” à jouer. Selon lui, il est temps de consommer le tourisme différemment. “Nos paysages sont préservés de la bétonnisation. Nous avons une région avec trois atouts majeurs : littoral, campagne et culture”, constate Colibri Tourisme. Aux professionnels de voir plus près de chez eux, d’évoquer l’offre cachée qu’ils connaissent sans la mettre en avant, de lister tous les atouts qu’il y a à proximité. “Vous pouvez partir de nos gîtes à pied, marcher pendant des heures sans croiser personne”, sourit Urte qui sait maintenant que le Mont Saint Michel de Brasparts, qui est tous les jours devant ses yeux, est un atout. Et pourquoi ne pas se laisser tenter par les micro-aventures ? “Vous prenez un kayak de Séné à l’île d’Arz, c’est simple mais c’est une expérience incroyable, magique”, s’enthousiasme le local Damien Rouaud. On a bien envie de le croire !