Le numérique émet plus de gaz à effet de serre que le transport aérien, au niveau mondial. Et pourtant, la crise sanitaire et économique a mis en évidence les besoins en outils numériques. Du web écolo, est-ce possible ? C’est ce que veut croire l’entreprise bretonne Digital4Better.

Quand la pollution est numérique …

Selon l’ADEME, le secteur informatique est responsable aujourd’hui de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, avec un doublement d’ici 2025. L’augmentation du nombre d’utilisateurs au niveau mondial et de notre consommation personnelle ne peut qu’amener à une hausse de la pollution numérique. Cette pollution est liée à 2 facteurs : le fonctionnement d’internet (transport et stockage des données, fabrication et maintenance de l’infrastructure du réseau) et la fabrication des équipements informatiques (ordinateurs, smartphones, tablettes, etc.). Et pourtant, en 2020, le numérique a montré sa force et son intérêt pendant la crise sanitaire, permettant à chacun de continuer à travailler, de maintenir le lien social. Nombre d’entreprises ont pris conscience de leur nécessité de développer ces outils dans leurs structures, leur développement est en plein boom. Comment concilier numérique et respect de l’écologie ? Allier transformation numérique et responsabilité sociale des entreprises ?

Du numérique responsable, quesako ?

En juin 2020, post 1er confinement, 5 associés ont décidé de créer “Digital4Better” pour “promouvoir un numérique à impact positif”, comme ils se définissent eux-même. Jérôme Lucas, co-fondateur et directeur général, veut croire que la nécessaire transition numérique des entreprises peut être compatible avec un impact positif pour l’environnement. “Nous voulons les sensibiliser sur le fait qu’ils peuvent avoir un outil numérique et un impact positif d’un point de vue environnemental”, explique Jérôme. Les 20 salariés de Digital4Better, répartis dans des bureaux à Rennes et Nantes, proposent les services d’une entreprise digitale classique : création de sites web, d’applications…avec pour mot d’ordre, un numérique responsable. “Nous amenons nos clients à se poser les bonnes questions, en faisant un audit des outils dont ils disposent déjà et ce qui pourrait être modifié, enlevé. Il y a des pages de leur site qui ne sont peut-être jamais utilisées et qui pourrait être enlevées, comme de mettre un google map pour indiquer ses bureaux, a-t-on réellement besoin de ces fonctionnalités qui alourdissent le poids moyen des pages et demandent davantage d’énergie pour y accéder et ont donc un impact négatif sur l’environnement ?”, s’interroge le directeur général. Cette jeune société propose des technologies moins énergivores, crée des sites web éco-conçus comme le leur, et veut convaincre les entreprises du territoire du bienfait de leurs démarches. Le web écolo, c’est, par exemple, réduire la taille d’un site en limitant les données, comme les photos et vidéos, réduire le nombre de requêtes ou éviter d’utiliser certaines propriétés et animations gourmandes. Au-delà de l’impact environnemental, il y a aussi d’autres aspects positifs pour les entreprises qui s’engagent dans cette voie. “Il y a des économies financières réalisées, moins d’électricité, moins de gros serveurs utilisés mais surtout l’image de l’entreprise qui fait cette démarche en ressort grandie, en interne et en externe.” Cette démarche, l’entreprise bretonne l’a faite en étant entreprise à mission, “nous ne voulions pas faire juste un effet d’annonce”.

Engager les collaborateurs

50% des bénéfices réinvestis dans l’entreprise, 50% reversés aux collaborateurs et à des actions en faveur d’associations, c’est le modèle sur lequel est basé Digital4Better (pour en savoir plus, c’est ici). L’association ACIAH (Accessibilité, Communication, Information, Accompagnement du Handicap) est soutenue par l’entreprise. Deux de ses salariés travaillent bénévolement sur des outils que pourront utiliser les personnes en situation de handicap. “En 2020, nous n’avons pas fait de bénéfices mais nous voulions quand même lancer cette action. Nous participons aussi au fonds “Solidarité Grand Ouest” pour les aider à financer une machine à lire”, précise Jérôme. L’entreprise, qui n’a pas encore 1 an, a constaté que les valeurs qu’elle porte lui a permis de gagner des projets et est un véritable levier de recrutement. “Toutes celles et ceux qui nous ont rejoints sont venus parce qu’ils adhéraient à cette démarche. Dans un secteur où ces profils sont très recherchés, nous sommes heureux de voir de jeunes recrues nous rejoindre pour ce que nous portons.” Les entreprises seront-elles prêtes à faire le choix de la sobriété pour leur site internet, à modifier leurs habitudes de consommation numérique ? C’est le pari, fou (?) de ces 5 associés, experts du numérique depuis 20 ans.