Gels hydroalcooliques, protections en Plexiglas, masques, ces éléments devenus essentiels dans notre quotidien sont fabriqués en Bretagne. Lessonia, Pluxi et Celluloses de Brocéliande, ces entreprises bretonnes ont adapté leur production pour répondre à la crise sanitaire.

Dans l’entreprise de Michel Rivé, le téléphone ne cesse de sonner. “Nous avons en moyenne 40 à 50 demandes par jour”, explique-t-il. La société Pluxi basée à Landévant dans le Morbihan produit depuis plus de 30 ans des objets en matière plastique, à partir de plaques en majorité de PLEXIGLAS ou PMMA. 90% de ses productions sont faites sur mesure. Depuis le début de la crise sanitaire, la production a évolué, de produits pour l’industrie du luxe, elle est passée en découpe laser de plaques de protection en Plexiglas pour les commerces. “Nous avons vu les demandes venir et avons commandé en avance du Plexiglas, heureusement vu la pénurie qui existe aujourd’hui”, précise le chef d’entreprise. Ses salariés ont dû s’adapter. Fabriquer des protections en Plexiglas sur mesure n’était pas leur quotidien. “Réellement c’est très simple pour nous techniquement à faire mais mes équipes commerciales ont découvert un nouvel univers, les pharmacies, hôpitaux, commerces, qui ne sont pas nos clients habituels”, précise Michel Rivé. Pour l’entreprise, cette nouvelle activité a permis de sauver 60% du chiffre d’affaires sur mars-avril-mai, le marché du luxe sur lequel Pluxi travaille habituellement est à l’arrêt. “Nous devrions déjà être sur les prototypes de Noël pour nos clients habituels que sont Yves Rocher, Lalique, Chanel”, constate le chef d’entreprise. Les quelques 1 500 protections en Plexiglas réalisées et celles à venir ont permis à l’entreprise de se maintenir à flot mais ce marché est éphémère et la matière première se fait rare. Michel Rivé avoue naviguer à vue sur les perspectives de son entreprise.

Quand la crise crée de l’emploi

A moins de 200 km de l’entreprise Pluxi, Lessonia fabrique depuis peu des gels hydroalcooliques fournissant au début l’armée, les hôpitaux. L’entreprise située dans le Finistère a 3 activités : la fabrication de matières premières pour les produits cosmétiques, qui n’a pas été touchée par la crise, la fabrication de produits cosmétiques et de masques de beauté qui ont été à l’arrêt pendant le confinement. “Nous avons des savoir-faire, nous nous sommes dits que nous pourrions jouer un rôle dans la prévention de la maladie. Nous voulions au départ à la fois produire des masques et du gel mais nous n’avons pas eu le temps de développer les deux. Nous étions partis pour produire 20 litres de gel, nous en serons à 2 millions de flacons courant juin !”, précise Christophe Winckler, Pdg de Lessonia. C’est une nouvelle activité, pérenne, qui voit le jour dans l’entreprise avec le développement d’une marque Sanidia. L’entreprise a investi en recherche et développement, dans des lignes de conditionnement automatique (300 000 euros, la région Bretagne a versé 50 000 euros), et lancé des embauches. “60 personnes nous ont rejoints depuis 3 semaines et nous avons encore 10 postes à pourvoir (lien vers les offres)”, précise le chef d’entreprise. Chez Lessonia, c’est une fierté d’avoir été en capacité de lancer si vite une nouvelle production avec un produit qui doit répondre à des normes strictes et d’avoir pu compter sur l’adaptation des salariés et leur enthousiasme à faire “quelque chose d’utile”. Christophe Winckler sait que la demande sera probablement moindre dans les 6 mois mais que l’utilisation de gel hydroalcoolique est une habitude qui va perdurer.

Des masques made in Breizh pour moins dépendre de la Chine

L’Etat a signé quatre nouveaux contrats avec quatre entreprises françaises de fabrication de masques à usage unique. Le groupement Les Mousquetaires en fait partie avec son site Celluloses de Brocéliande, à Ploërmel, dans le Morbihan. L’entreprise fabrique des couches et des produits d’hygiène féminine distribués par Intermarché et se lancera dès juillet dans la fabrication de masques FFP2 et chirurgicaux. “Chez Celluloses de Brocéliande, nous possédons ce savoir-faire depuis de nombreuses années. Nous fabriquions déjà des masques en 2007. Nous avions investi dans une machine pour produire des FFP2 en vue de la grippe aviaire. Puis, en 2009, pour le H1N1. En 2010, nous avons arrêté la production car nos clients allaient se fournir en Chine. Avec le Covid-19, l’État nous a sollicités pour que nous apportions notre contribution à la relocalisation de la production en France. Nous avons donc investi dans 3 lignes de production pour des FFP2 et 2 lignes pour des masques chirurgicaux”, explique Patrick Viseux, patron de l’usine. Au total, une soixantaine d’emplois doivent être créées pour une production de l’ordre de 130 millions d’unités entre le mois d’août et le mois de décembre 2020. “Nous avons besoin de quatre chefs d’équipe et de trois techniciens de maintenance en contrat à durée indéterminée (CDI). Il faut également vingt-cinq conducteurs de lignes dans un premier temps en CDD sans compter des manutentionnaires d’assistance à l’approvisionnement, des postes dans les domaines de la qualité, sécurité, achat…On va donc passer de 207 à près de 270 salariés en l’espace de quelques semaines. Notre gros challenge du moment, c’est le recrutement ! (pour postuler, il est possible d’aller ici sur le site ou écrire à Celluloses de Brocéliande, Z.I. La Lande du Moulin, B.P. 76 56803 Ploërmel). La fabrication française des masques FFP2 et masques chirurgicaux est là pour pallier la dépendance de la France aujourd’hui dans ce secteur. A Ploërmel, c’est une nouvelle production qui va s’ajouter aux deux activités déjà existantes, avec le sentiment selon Patrick Viseux de contribuer à « l’effort national ».