La société Biogroupe parie sur le bien-être au travail de ses salariés, pour libérer l'entreprise ?

Après plusieurs années passées de l’autre côté de l’Atlantique, Laurent Coulloumme-Labarthe a co-fondé avec Simon Ferniot la société Biogroupe en 2009. Les deux entrepreneurs posent leurs valises dans les Côtes d’Armor, à Erquy, en 2014. Cette entreprise fabrique des boissons et desserts bio, une alimentation vivante avec des méthodes de conservation ancestrale. Plus qu’une société agro alimentaire, c’est une véritable philosophie qui se cache derrière ses yaourts, bouteilles et légumes fermentés.

Entreprise libérée, Biogroupe ? Si vous posez la question à Laurent Coulloumme-Labarthe, sa réponse vous montre tout de suite l’état d’esprit. « La beauté d’une entreprise libérée serait qu’il n’y ait pas de définition. Ce qui m’agace, ce sont les gens qui veulent mettre en place un système borné là où le système justement ne doit pas être codé »

Une trentaine de collaborateurs, une croissance en moyenne de 50% chaque année, et un managment horizontal qui se différencie de la plupart des entreprises françaises. 

« Il y a 2 ans, on a imposé le changement de bureau. Chaque salarié pose ses affaires dans un casier et s’installe où il veut. Cela favorise l’échange et une meilleure connaissance des collaborateurs et efface l’aspect hiérarchique qui veut qu’en fonction de son statut et de son salaire on a droit à un bureau ».

Les arrêts maladie sont très rares, les salariés sont impliqués, et s’approprient l’entreprise dans sa réussite comme dans ses échecs. Les services de production et administratifs ne sont pas séparés. Chaque année, un collaborateur est tiré au hasard pour participer à des salons professionnels, un moyen d’appréhender l’entreprise de A à Z.

Un budget de 2 000 à 4 000 euros par an consacré aux activités extra pour le bien-être au travail

Un baby-foot, des trottinettes électriques, des cours de sport tous les jeudis à 17h30 sous une yourte et dès 7h le mardi face à la mer de mai à septembre, des conditions de travail qui peuvent faire rêver. « Pendant 6 mois, 1 an, j’étais seul aux cours de sport, ça ne devait pas donner envie de transpirer avec le patron. Il faut du temps pour installer le changement. Et puis mes idées sont pas forcément celles qu’attendent nos salariés. Pour exemple le beau terrain de beach-volley, un rêve pour moi, faut croire que je suis le seul vu qu’il n’est jamais utilisé » s’amuse Laurent.

Effet de mode, « boîte parisienne », le co-fondateur rejette tout en bloc.  

Le maître-mot du bien-être au travail : la cohérence

Biogroupe c’est une société 100% bio, avec un objectif de neutralité carbone en replantant des arbres, des trottinettes électriques pour rejoindre les 3 sites de production, des véhicules électriques ou hybrides à disposition, une serre. « On ne peut pas vendre des produits sains et ne pas être sains dans notre entreprise ».

Donner du sens cela passe aussi par l’inclusion des personnes handicapées « En nous installant à Erquy, nous avons fait le choix de redonner de l’emploi, et un emploi différent. On le fait sur le fond, pas que sur la forme. »

Des difficultés à recruter

Certains salariés ne se sont pas retrouvés dans ce managment « libéré » et sont partis. Laurent et son co-fondateur ont adapté leur fonctionnement : « on a un rythme de travail élevé, il faut être souple, savoir s’adapter. Les nouveaux arrivants étaient un peu perdus, on s’est améliorés sur la prévenance. On fait en sorte que les femmes qui reviennent de congé maternité reprennent à temps partiel, payées temps plein. »

Biogroupe fait figure de petite entreprise agro alimentaire en comparaison des grosses structures qui existent dans la région. Cette année l’entreprise a dû faire face à des ruptures de stock et des difficultés d’approvisionnement de leurs distributeurs.

« Depuis 3 ans, nous sommes en limite de capacité, parce que nous avons des difficultés à recruter. Dans notre secteur géographique, il y a de grands groupes, en Ille-et-Vilaine, le taux de chômage est faible, à 5,7%. On s’oblige aussi à n’embaucher que des personnes qui ne sont pas à plus de 40 km ou 40 minutes du site. Nous ne voulons pas porter la responsabilité d’un accident de voiture. »

L’ADN de l’entreprise, le bien-être au travail et savoir surmonter ses difficultés, explique Laurent Coulloumme-Labarthe. Confiant, il voit, dans quelques années, sa société avec une soixantaine de salariés, en ne changeant rien aux valeurs de leur entreprise.