Etudiants en maths ou en informatique, le master cyberdefense de Rennes ouvre ses portes à la rentrée 2020. Son ambition ? Etre la meilleure CyberSchool de France. “Cela fait plus de 10 ans que nous manquons d’effectifs !”, s’alarme Eric Dupuis, directeur Région Grand Ouest d’Orange Cyberdefense. La CyberSchool, qui s’ouvre à Rennes en septembre 2020, répond aux attentes des entreprises présentes sur le territoire telles qu’Orange, Thalès, Airbus, et aux écoles d’ingénieurs qui, pour la plupart, dispensaient chacune des formations en cybersécurité. “Le but est de clarifier les choses. Les étudiants auront désormais un lieu de formation où les meilleurs experts scientifiques issus des laboratoires de recherche et des collaborateurs d’entreprises de pointe interviendront”, explique David Pichardie, directeur de recherche à l’IRISA, et co-responsable scientifique de la CyberSchool. Cette école n’est pas la seule en France mais “notre ambition est de fournir une formation plus pointue, avec plus de moyens et de compétences différentes dans ce domaine”, précise-t-il. 80 étudiants devraient franchir le perron de la CyberSchool en septembre prochain. “Nous recherchons des étudiants de niveau bac+3 en mathématiques, informatique, physique, de toute la France et également de l’étranger”, précise David Pichardie. L’objectif, à terme, est d’atteindre les 600 étudiants et surtout de former des jeunes au plus haut niveau dans le domaine de la cybersécurité. 6 domaines de compétences vont être proposés à terme, de la cryptographie, à la sécurité des logiciels, en passant par l’intelligence artificielle. La capitale bretonne s’est forgée une réputation dans le domaine de la cybersécurité. “A Rennes, nous avons chez Orange plus de 400 personnes spécialisées sur les 1200 que l’on compte en France. Nos perspectives sont de 200 embauches par an. La Bretagne est en avance sur les autres régions, il y a un énorme campus scientifique et technique, de grandes entreprises comme la nôtre, en pointe dans ce secteur “,explique Eric Dupuis. L’Etat a aussi fait le choix d’installer la DGA (Direction générale de l’armement), le commandement de la cyberdéfense et l’école des transmissions sur les terres bretonnes. Ces entreprises ont aujourd’hui des difficultés à recruter. “Il y a une pénurie d’experts en cybersécurité, une pénurie qui s’intensifie car les besoins des entreprises augmentent, le nombre d’étudiants aussi mais pas assez vite. D’ici 10 ans, il y aura plusieurs millions de postes vacants dans le monde”, souligne David Pichardie. Les besoins des entreprises du secteur sont énormes avec des compétences qui doivent être de plus en plus élargies : “Au début, nous avions surtout besoin d’ingénieurs, aujourd’hui nous souhaitons des techniciens, des analystes capables de faire de la veille technologique mais aussi des juristes”, explique le responsable Grand Ouest d’Orange Cyberdefense. L’explosion des nouvelles technologies a mis en lumière une nouvelle fragilité des entreprises qui doivent être capables de répondre aux attaques de “hackers”, voire les prévenir. “Les attaquants sont de plus en plus furtifs, pertinents, de plus en plus cachés, nous avons besoin de jeunes formés à ce type de menaces. En tant que fournisseurs de services, nous nous devons d’être un opérateur de confiance pour le grand public, et nous sommes une entreprise de service où les plus grandes entreprises du CAC 40 nous confient la défense de leurs propres biens. On ne peut pas avoir que des profils généralistes”, précise le responsable du pôle cybrdefense d’Orange. L’objectif de la CyberSchool est donc de former des experts, d’emmener certains des étudiants jusqu’à la thèse pour en faire des spécialistes très pointus dans leur domaine. David Pichardie est directeur de recherche à l’IRISA (Institut de Recherche en Informatique et Systèmes Aléatoires) et a obtenu une bourse ERC pour ses recherches, bourse qui récompense les meilleurs chercheurs dans la cybersécurité. C’est le niveau des intervenants, de l’enseignement qui est clairement mis en avant pour attirer les meilleurs étudiants français et étrangers. ” On n’est pas les seuls à vouloir attirer les meilleurs. En tant que chercheurs, nous avons une réputation à l’international et des contacts dans les meilleures universités. Nous avons des partenariats pour envoyer nos élèves en stage à l’étranger : Princeton, le MIT pour les Etats-Unis, l’Imperial Collège à Londres. Nous mettrons en place des bourses à la mobilité pour faciliter les déplacements à l’étranger de nos élèves”, précise enthousiaste le co-responsable de la future école. L’Etat participe au financement à hauteur de 5,75 millions d’euros sur 10 ans. Les frais de scolarité seront autour de 400 euros par an avec des bourses d’attractivité pour les meilleurs élèves. “Pour que l’élite vienne chez nous, nous allons utiliser une partie des fonds pour communiquer sur la CyberSchool, se rendre dans des salons étudiants, communiquer sur les réseaux sociaux. Nous devons les convaincre que la meilleure école de France de cybersécurité est à Rennes avec un enseignement de grande qualité, des intervenants venant du monde de l’industrie, de la défense telle que la DGA, que des entreprises les attendent à la sortie”, se convainc David Pichardie. “La cyber Valley de France, c’est à Rennes, venez nous rejoindre, nous avons du travail pour vous !”, conclut Eric Dupuis d’Orange Cyberdéfense. Les inscriptions sont ouvertes à partir du printemps 2020.Rennes, la cyber Valley
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