Un “bonus” vélo a été adopté lors de l’examen de la loi climat à l’assemblée. Les ventes de vélos ont explosé, +117% entre mai et juin 2020. Cette mobilité plus verte gagne le monde de l’entreprise, grâce notamment à des incitations fiscales. Les loueurs sont sollicités par les patrons pour mettre leurs salariés à vélo.
A Vannes c’est une crêp’épicerie que propose le gérant du restaurant “L’ilôt Galette” Julien Leberre :”restaurant le midi, produits locaux et plats à emporter avec livraison à domicile le soir”. A vélo, ça va de soi! “A titre personnel, j’ai abandonné la voiture pour mes trajets quotidiens, je loue un vélo pour ma salariée et j’ai investi dans une flotte de VAE (véhicule à assistance électrique) pour les livreurs des restaurants de Vannes. “J’ai créé l’application Lebonapp, l’anti Uber Eats, qui permet de réserver et se faire livrer dans les établissements partenaires. Je loue pour 2 euros/jour des vélos de très bonne qualité, outil de travail des livreurs. Acheter un vélo neuf, c’est un sacré budget, en mettant ces vélos à disposition, j’encourage leur utilisation, sans grever le budget”, explique Julien. Sur ces 6 véhicules, 2 sont utilisés par des restaurateurs qui ont fait floquer les paniers de livraison. “C’est chouette de voir fleurir dans les rues de Vannes des vélos “Le coq à l’âne” plutôt qu’Uber Eats”, se félicite le créateur de labonapp, première application à utilité sociale. “L’abonnement coûte 39 euros par mois, une partie est reversée en tickets pour les bénéficiaires des centres d’action sociale et cet argent reste dans l’économie circulaire, achat de vélos par exemple.” Mettre la petite reine à disposition des collaborateurs, les entreprises bretonnes prennent le pas. Jérôme Gainche, créateur de Véloc’Ouest, 4000 vélos en location à disposition dont 600 électriques, a débuté par des locations de courte durée à destination des touristes du Morbihan. “Depuis un an, nous sommes assaillis de demandes d’entreprises et de collectivités pour leur fournir des vélos pour leurs collaborateurs”, précise-t-il. Grâce aux incitations gouvernementales (détails ici), réduction d’impôt pour les sociétés qui mettent gratuitement une flotte de vélos à la disposition de leurs salariés jusqu’en 2024, le forfait mobilité qui offre aux employeurs la possibilité d’attribuer une indemnité exonérée de cotisations aux salariés privilégiant les modes de transport dits “à mobilité douce” (prime pouvant aller jusqu’à 400 euros par an pour l’usage d’un vélo classique ou électrique), le vélo est devenu tendance dans le monde de l’entreprise ! Les sociétés de location de vélo comme Vélos’Ouest proposent des packs “un euro/jour/salarié”, précise Jérôme. Ces pros du vélo proposent aussi des offres de maintenance, dépannage et de formation. “Le vélo électrique a été le vrai déclencheur pour développer la pratique du vélo : vous n’arrivez pas au travail essoufflé, transpirant, mais cela va à 25km/h, il faut proposer un accompagnement pour celles et ceux non habitués à la pratique du vélo”, constate le patron de Véloc’Ouest. Il a aujourd’hui une vingtaine d’entreprises qui souscrivent ses offres de location de 2 à 10 vélos. Et ce n’est que le début. “J’embauche un commercial pour répondre à ce nouveau marché et des techniciens. Nous avons débuté il y a 5 ans avec 250 vélos, l’année prochaine nous en aurons 5000”, affirme Jérôme. Des Start-up surfent sur cette vague comme Zenride, Tim Sports, Skipr, Bee.cycle, Azfalte ou encore la Vie’Cyclette à Rennes qui se spécialisent dans le vélo de fonction. Principalement ancré dans les grandes villes et dans les grandes entreprises, le vélo pour les trajets domicile-travail porté par les entreprises fait son chemin aussi auprès des PME. Le vélotaf, le fait d’avoir son vélo personnel pour aller au travail, va-t-il laisser sa place au vélo de fonction ? Le principe est simple : l’employeur prend en charge le prix de location mensuelle, le salarié en paie une partie pour qu’il puisse utiliser le vélo à des fins personnelles les week-end et vacances. Pour un contrat de trois ans par exemple, le vélo revient à un peu plus de 600 euros contre plus de 2000 euros à l’achat. Au-delà de l’attrait financier, il y a un bienfait écologique évident et également sur la santé : un rapport de l’Observatoire de l’indemnité kilométrique vélo (IKV) et de l’ADEME a constaté, en 2018, une baisse de 15% des arrêts maladie des collaborateurs cyclistes. Adopté à l’unanimité par les députés, le 9 avril 2021, un amendement à la loi Climat et résilience prévoit d’élargir la prime à la conversion aux personnes souhaitant remplacer un vieux véhicule par un vélo. Il est également question d’un bonus vélo pour l’acquisition de vélos-cargo. “C’est une véritable avancée que nous avons initié” se félicite Florian Le Villain administrateur de la FUB (fédération des usagers de la bicyclette). Cet essor de la mobilité douce fait évidemment le bonheur des défenseurs de la petite reine comme Florian, “encore faut-il que les infrastructures suivent”, prévient-il. “Il faut que le réseau cyclable aille dans les zones d’emploi et pas uniquement dans les centres villes. Le problème que l’on rencontre, c’est qu’il s’écoule 10 ans entre la concept d’un parc immobilier et la première pierre posée. Certains nouveaux quartiers sont en décalage avec les nouveaux besoins”, constate Florian qui accompagne les collectivités dans leur plan “vélo” en tant que consultant. La ville de Rennes est en pointe en Bretagne sur les aménagements pour les cyclistes, Quimper est en pleine dynamique. “Pour que les français utilisent leur vélo, à titre personnel et professionnel, c’est un tout : des aides à l’achat, des locations de longue durée, des patrons qui mettent en place des vélos de fonction, et des municipalités qui proposent des itinéraires sécurisés”, affirme l’administrateur de la FUB. Le vélo en entreprise, un nouveau business
“Il faut des itinéraires sécurisés jusque dans les zones d’emplois”