Il a le sourire dans la voix, le tutoiement direct, Guirec Soudée. Ce jeune homme part à 21 ans sur un bateau en très mauvais état pour un tour du monde en solitaire. Monique croise sa route et ne le quittera plus. Le marin-aventurier et le gallinacé racontent leurs aventures dans un film “Du pôule Nord au pôule Sud”, et partagent ce qui les a maintenus, pied ferme, sur les mers du monde pendant 5 ans. Avec cette aventure très personnelle, Guirec confronte son public à ses peurs, ses doutes et délivre un message plein d’espoir. Prêts à larguer les amarres ?

Comment on en vient à prendre la mer, à 21 ans, avec peu de nourriture, et quasi aucun moyen de communication ?

-Guirec Soudée, marin aventurier : ” Gamin, je n’étais pas du tout scolaire, à 18 ans, j’ai décidé de vivre ma vie comme j’en avais envie. Je suis parti en Australie, sans un sou, sans parler anglais, j’ai dormi dans la rue, et j’ai travaillé dur pour avoir assez d’argent pour atteindre mon objectif : acheter un bateau. J’en ai cherché un en Australie pour aller en Bretagne et puis je me suis dit que c’était plus logique de partir de Bretagne.”

” Autour de moi, on m’a dit que c’était trop dangereux. Dès que tu as des projets un peu atypiques, en France, tout de suite on te met en garde. Les français aiment bien leur confort de vie, c’est sûr que là, c’était pas confortable ! Je n’étais pas un marin chevronné, je n’avais pas d’argent. C’est une aventure très personnelle, je l’ai faite pour moi, pas pour les autres. “

5 ans, 80 000 km parcourus, 130 jours prisonnier des glaces

-Guirec : “J’ai fait étape par étape. C’était réfléchi, je ne me suis pas attaqué directement au Groënland, je suis fou mais pas à ce point ! J’ai d’abord traversé l’Atlantique en suivant les Alizés, à la bonne saison. Dès que j’avais atteint un objectif, je repartais atteindre le prochain. Nous avons fait le tour du monde par les 2 Pôles avec Monique. Je me suis retrouvé bloqué pendant 130 jours dans les glaces, les oeufs pondus par Monique et le riz m’ont permis de me nourrir et de survivre. Beaucoup pensaient que je ne reviendrais pas. “

Un an après votre retour, vous proposez un film qui retrace vos aventures

Guirec : ” Avec Monique, nous avons été très suivis pendant notre voyage. Maintenant, nous nous sommes posés sur Yvinec, mon île bretonne. 6 ans après notre départ, ce documentaire “Du pôule Nord au pôule Sud”, co-réalisé avec Estelle Gilles, c’est l’occasion d’aller les rencontrer et ces rencontres sont incroyables ! Les dates de projection en Bretagne sont toutes quasi complètes, nous entamons aussi un tour de France (dates et lieux ici), avec le Grand Rex le 31 mars.

Quel message voulez-vous faire passer ?

-Guirec : ” C’est très étrange parce que ce tour du monde, je l’ai fait pour moi et en fait ce voyage me dépasse aujourd’hui. Je reçois de nombreux courriers de personnes qui me disent que mon parcours leur a donné la force d’accomplir des projets. Parce que oui, il faut avoir envie, y croire et se donner les moyens. Je suis parti de rien, et je montre que c’est possible. J’ai aussi envie de partager ce que j’ai pu voir de l’état des océans, des effets du réchauffement climatique. Dans le Grand Nord, j’ai pu constater que certains glaciers indiqués sur la carte avaient reculé ou disparu. Je ne suis pas là pour être donneur de leçons, mais je peux témoigner de ce que j’ai vu et ça fait mal au coeur. ”

Vos envies ? Vous poser ou repartir ?

-Guirec : “Repartir ! Je n’ai qu’une envie c’est repartir. Sur un bateau plus grand, retourner dans les Pôles mais je n’ai pas encore terminé mon job à terre ! J’ai écrit 3 livres, j’en ai un en projet, je vais recevoir un prix à New York, plus la tournée des projections, on a un rythme de fou ! C’est dingue quand tu penses que j’ai passé 5 ans tout seul, d’être si entouré aujourd’hui. Heureusement que je retourne de temps en temps sur mon île cost armoricaine, où je suis le seul habitant !”

Et Monique, elle repartira ?

Guirec : ” Je crois qu’elle apprécie bien le confort à terre ! Je ne sais pas, je lui demanderai ! “

Si vous deviez résumer cette aventure en quelques mots ?

-Guirec : ” Je suis parti à 21 ans, revenu à 26 ans, aujourd’hui j’ai 27 ans. J’ai changé, gagné en confiance, en maturité. J’ai aussi pris conscience que la vie pouvait s’arrêter rapidement. Alors en quelques mots ? La vie est belle, tout simplement ! “