Face aux centres-villes désertés, les commerçants et les collectivités des villes moyennes redoublent d’ingéniosité pour animer et attirer les habitants dans les coeurs de ville. La période des fêtes représente 10 à 20% du chiffre d’affaires annuel de certains commerces. “Les gens viennent en masse le week-end pour la patinoire, il y a une vraie hausse de la fréquentation à Saint-Malo en centre-ville ” se félicite Jean-Yves Helouvry, président d’IMCA, association des commerçants d’Intra-muros. Depuis 5 ans, ces commerçants participent financièrement à l’installation de cet équipement qui attire beaucoup de monde. A Morlaix, même proposition depuis un an. “Il y a eu un avant et un après patinoire”, explique Guillaume Pellerin, président de Morlaix Nouvelle Vague, association des commerçants de centre-ville. C’est le deuxième hiver où l’on peut patiner dans le centre de Morlaix. “Ces animations, avec le marché de Noël, attirent les gens qui viennent en famille, manger une crêpe, boire un vin chaud, ils redécouvrent le centre-ville dans une ambiance très sympathique”, s’enthousiasme le président des commerçants du coeur de ville. Le taux moyen de la vacance des commerces en centre-ville est passé de 7,2 % en 2012 à 9,5 % en 2015 et 11,9 % en 2018 en France, selon une étude Procos de février 2019. Seul un tiers des centres-villes demeurent sous la barre symbolique des 10 % contre la moitié en 2015. A Morlaix, commune de près de 15 000 habitants, il est estimé à 13%. Ce phénomène inquiète les commerçants comme les élus. .”Les centres-villes désertés, c’est le résultat d’une situation qui existe depuis 30 ou 40 ans. Les pouvoirs publics ont facilité l’implantation des zones commerciales. Aujourd’hui, tout le monde doit agir pour maintenir les quelques 150 commerces du centre et attirer de nouveaux”, explique Guillaume Pellerin. Lancé en 2018, le plan national “Action coeur de ville”, d’un budget de 5 milliards d’euros, a sélectionné 222 communes pour lesquelles un plan de re-dynamisation du centre est envisagé. Saint-Malo et Morlaix font partie des villes retenues. “La communauté de communes et la ville de Morlaix mettent en place différentes actions, un manager de centre ville va être recruté, les commerçants seront accompagnés sur des questions d’aménagement d’intérieur, du numérique. Grâce au plan “Action coeur de ville”, il va y avoir un pôle culturel, un cinéma….Toutes ces actions sont menées dans la durée et vont évidemment dans le bon sens”, se félicite le président de Morlaix Nouvelle Vague. Dans la cité corsaire, des aménagements autour du port et la création d’un musée maritime sont lancés. “Notre problématique à Saint-Malo est particulière, nous avons plusieurs centres-villes. Intra-muros, ce sont les touristes qui viennent dans nos boutiques, pas les malouins ! L’ hiver, le tourisme est en berne, les décorations, les attractions sont un message adressé à la population locale : venez vous balader et rencontrer vos commerçants !”, exhalte Jean-Yves Helouvry. “Je demande juste aux consommateurs de consacrer un peu de leur pouvoir d’achat aux commerces de centre-ville. Si personne ne veut un centre-ville vidé de ses boutiques, de tout lien social, chacun doit faire des efforts”, indique Guillaume Pellerin. La concurrence avec les zones commerciales fait des fêtes de Noël, cruciales pour certains commerces, une période délicate. Guillaume Pellerin égraine les points positifs des commerces de proximité : des produits qui ne viennent pas de grandes enseignes, de l’artisanat et un argument massue. “A vous, consommateurs, de jouer le jeu…pour que le coeur de ville soit un coeur de vie”.Le plan Action coeur de ville pour redynamiser les villes