La loi Agriculture et Alimentation dite Egalim impose au 1er janvier 2020 de ne plus utiliser du plastique à usage unique, gobelets, assiettes, dans les bars et restaurants. Réputée grande consommatrice de plastique, la restauration rapide a un nouveau défi à relever. Avant l’été 2019, Pita Pit, 9 magasins en France de restauration rapide, décide d’abandonner tous les plastiques à usage unique dans ses restaurants : gobelets, pailles, pots à salade. “Cela a été un choix radical, on a décidé de tout arrêter et d’aller plus loin que ce qui va être demandé au 1er janvier 2020”, précise Loïck Le Brun, Président France Pita Pit. La loi Agriculture et Alimentation dite Egalim impose dès 2020 aux bars et restaurants de ne plus proposer de gobelets ou verres en plastique et d’assiettes jetables aux consommateurs. Les fast-food sont souvent montrés du doigt comme étant le type de restauration la plus consommatrice de plastique. Un milliard de pailles seraient jetées chaque jour dans le monde dont près de 9 millions en France rien que dans la restauration rapide. “Nous avons parfaitement conscience du chemin à parcourir. Nos adhérents, une trentaine d’enseignes, arrêtent les pailles en plastique, travaillent sur la réduction des couvercles en plastique, sur des contenants éco-conçus. Le décret d’application de la loi Egalim n’est pas signé. Nous nous sommes aussi engagés auprès du gouvernement à améliorer le tri sélectif “, précise Esther Kalonji, déléguée générale du SNARR (Syndicat National de l’Alimentation et de la Restauration Rapide). “Il n’y aura pas de révolution dès 2020, cela prendra du temps pour faire changer les mentalités”, constate Clément Carbonnel, dirigeant d’Esprit Planète. Son entreprise fabrique des gobelets écologiques réutilisables. Pita Pit se fournit auprès de cette entreprise rennaise qui produit certains de ses gobelets 100% en Bretagne. A l’approche du 1er janvier, Esprit Planète a-t-il plus de demandes de la restauration rapide pour ses gobelets ? “Absolument pas! Ils vont se tourner vers des gobelets en carton, qui, soit, ne sont plus en plastique mais qui vont toujours remplir les poubelles. Notre crédo est que le gobelet soit réutilisé, pas jeté mais pour cela il doit être lavé. C’est un processus complexe et qui a un coût”, précise Clément Carbonnel. Les bars et restaurants sont déjà équipés en lave-vaisselle et personnel pour la plonge, pas les fast-food. “Les entreprises dans la restauration rapide sont la plupart franchisées, ce sont de petites structures, qui n’ont pas forcément la taille de locaux suffisante pour ajouter un lave-vaisselle ou autre”, explique la déléguée générale du SNARR. Pour abandonner le plastique, il faut que le propriétaire de l’établissement s’y retrouve économiquement. “Le gobelet réutilisable coûte environ 30 centimes, là où un gobelet en plastique coûte moins de 1 centime. C’est la consigne qui finance l’ensemble du système”, explique le dirigeant d’Esprit Planète. Après 6 mois de zéro plastique à usage unique, avec des serviettes en papier 100% recyclées, des gobelets consignés réutilisables, des emballages en PLA (amidon de maïs) ou canne à sucre, le président France de Pita Pit dresse un bilan plutôt positif. “Les clients sont contents de notre démarche et la comprennent. On a également fait un travail auprès du personnel, pour ne donner qu’une serviette et pas plusieurs dans les sacs à emporter. Mais il ne faut pas se leurrer, il a fallu reporter une partie du surcoût de ces produits éco-responsables sur le prix de certaines de nos offres”, explique Loïck Le Brun, développeur de la franchise en France. Pour laver les gobelets, il faut du personnel.” Le projet de loi “anti gaspillage”, actuellement en discussion à l’assemblée nationale, promeut l’interdiction du plastique et des contenants à usage unique dans les fast-foods pour les repas servis sur place. “Nous travaillons sur le tri, proposons des produits bio sourcés, facilement recyclables et là, il faudrait tout abandonner pour finalement proposer des assiettes et couverts en dur ? Cela veut dire qu’il faut abandonner le tri sélectif, de ne plus utiliser les contenants à base végétale, recyclables, parce qu’ils sont à usage unique ? Est-ce que de laver cette vaisselle est plus écologique ? Nous demandons aux autorités publiques d’être cohérentes, ces aménagements sont de réels investissements pour les professionnels !”, met en garde Esther Kalonji, déléguée générale du SNARR. Au premier trimestre 2020, Pita Pit va proposer ses salades dans des bols lavables, non plus dans des saladiers jetables même recyclables. “Il faut nous adapter, même si c’est plus simple pour une petite structure comme la nôtre. La nouvelle génération arrive parfois dans nos magasins avec leurs propres couverts, leurs gourdes, et des sacs en tissu. Nous réfléchissons à abandonner nos pailles en papier et à proposer des tote bags à nos clients. Nous proposons un pack Noël avec un gobelet réutilisable, une gourde et un sac en tissu”, affirme Loïck Le Brun. L’enseigne espère avoir 15 à 20 magasins franchisés d’ici fin 2020, dans lesquels sont déjà prévus des petites machines à laver pour les gobelets, saladiers et couverts réutilisables.La démarche écologique a un coût
De la vaisselle réutilisable dans la restauration rapide ?