Plages ouvertes : bol d'air pour l'économie du littoral ?
Autorisées depuis plusieurs jours, l’accès aux plages a-t-il donné un bol d’air aux activités économiques du littoral ? Reportage les pieds dans le sable… Ce mercredi matin, ils l’attendaient avec impatience. Toute l’équipe de la SNBSM (société nautique de la baie de Saint-Malo) est présente pour mettre à l’eau les premiers bateaux déconfinés et leurs jeunes marins. “Ils ne peuvent pas être plus de 10, on a donc 9 optimistes et un moniteur qui les accompagne”, précise Christian Rouxel, président de la SNBSM. Toutes les activités nautiques ont été suspendues lors du confinement. En Bretagne, le nautisme vit toute l’année avec les groupes scolaires et la pratique sportive, ce qui représente 40% du chiffres d’affaires du club nautique malouin (ici un article consacré au secteur nautique en Bretagne). L’ouverture des plages aux professionnels du nautisme fait souffler un vent d’optimisme avant la saison estivale. “Nous voulons démontrer que nous sommes capables de faire les choses bien, en toute sécurité, pour accueillir les estivants”, explique le patron de la SNBSM. Port du masque obligatoire pour les enfants lors de la préparation des bateaux, accès aux sanitaires interdit, pas de prêt de combinaison, les clubs nautiques veulent réussir cette phase d’essai. Seuls les bateaux en solo sont autorisés à aller sur l’eau. “Nous espérons que les stagiaires pourront être deux par bateau pour utiliser toute notre flotte. Une partie des 14 salariés du club, en charge de la voile habitable, sont encore au chômage partiel”, précise Christian Rouxel. La FFV (fédération française de voile) a estimé la perte d’activité, pour le secteur, entre 30% et 50% pour l’été 2020, en prenant en compte des demandes moins fortes et les exigences sanitaires. A quelques kilomètres de la plage de Bon Secours, David Montois retrouve son terrain de jeu à Dinard. Coach sportif, le sable c’est son outil de travail. “C’est un excellent élément naturel pour se muscler. Certains salles de sport créent des bacs avec du sable pour leurs abonnés, moi, j’ai juste à emmener mes clients dans ma salle de sport à ciel ouvert”, sourit le coach sportif. Ce lundi soir, Céline vient suivre son cours hebdomadaire avec vue sur mer. “Faire du sport face à un tel paysage, c’est le rêve. Quelle chance de pouvoir revenir sur les plages !”, s’exclame la sportive de 44 ans. L’air iodé, des exercices adaptés et l’extérieur comme terrain de sport, ce sont les atouts des entraînements de David. “Ma salle, c’est dehors ! Avec ce soleil c’est le bonheur mais il ne faut pas oublier que ça fait 15 ans que je suis aussi dehors quand il pleut”, en rigole David. L’ambiance est un peu plus morose à deux pas des locaux de la SNBSM. La location de paddles “Loc’ Malouine” est toujours fermée. “La plage de Bon Secours à Saint-Malo n’est pas accessible au public. Seuls les associations et les clubs peuvent louer du matériel nautique”, explique le gérant Endelvy Varrin. Un week-end de la pentecôte ensoleillé et un mois de mai sous le ciel bleu étaient des conditions optimales pour l’activité d’Endelvy, qui loue en pleine saison 3 paddles par jour en moyenne. “Les gens attendent pour retourner sur l’eau. Nous devrions être autorisés le 2 Juin mais c’est encore le flou au niveau sanitaire. Doit-on désinfecter les planches entre chaque client et avec quel produit ?”. A quelques centaines de mètres, les rues Intra-Muros, en semaine, sont assez vides. Et pour les hôtels, ouverts depuis le 11 mai, il n’y a pas d’effet “plages ouvertes”. Jérôme Delalande est propriétaire de l’hôtel “Le Croiseur” et de 3 appartements en location saisonnière. “Nous sommes prêts pour accueillir les clients mais cela ne redémarre pas. La limite des 100 km fait que les gens rentrent chez eux”, explique l’hôtelier. Sans compter les bars et restaurants fermés qui n’amènent pas la clientèle à rester. “A la même période, nous sommes à 200%, on refuse du monde dans notre hôtel à Saint-Malo”, se remémore, nostalgique, le patron du “Croiseur”.Les activités liées au tourisme encore en berne