CES : ces start-up bretonnes défient les géants américains !

Le CES de Las Vegas est le plus grand salon de l’innovation mondiale. Quelques 300 entreprises françaises font le voyage du 7 au 10 janvier, parmi lesquelles 17 start-up bretonnes, 4 accompagnées par le Village by CA d’Ille-et-Vilaine. Objectif, conquérir le marché américain, international.

Le CES (Consumer Electronic Show) est le rendez-vous incontournable pour les entreprises innovantes et les technologies de pointe. C’est dans ce salon international que sont présentés les produits de demain qui seront introduits sur le marché. La France a toujours été très représentée, en 2020, elles seront plus de 300 à traverser l’Atlantique. Parmi elles, 17 entreprises bretonnes (liste ici), 4 sont accompagnées par le Village by CA d’Ille-et-Vilaine (Heyliot, Dilepix, Moovency et XPDigit) :” C’est le signe du dynamisme des start-up brétiliennes, nous les avons sélectionnées pour avoir un stand car ces entreprises sont innovantes, ont un potentiel de développement et une certaine maturité”, explique François Cormier, “Maire” du Village by CA d’Ille-et-Vilaine.

Participer au CES, une forme de reconnaissance pour les start-up ?

L’entreprise Moovency, spécialisée dans l’ergonomie des postes de travail dans l’industrie, en particulier la détection de troubles musculo-squelettiques (TMS), participe au CES de Las Vegas. A la veille du lancement, François Morin appréhende un peu les 10 heures de vol et les 9 heures de décalage horaire : “La deuxième fois, il y a un peu moins de stress même si il va falloir être d’attaque de 8h à 18h pendant 5 jours !”, constate-t-il. Cette start-up a commercialisé en septembre dernier, Kimea (Kinetic Measurement for Ergonomics Assessment), une solution logicielle qui améliore et facilite les évaluations ergonomiques des postes de travail et les analyses ergonomiques. Cet outil peut analyser le squelette du travailleur, quel que soit l’angle de prise de vue. “Cette année, c’est le passant qui va faire la démonstration. Nous installons un écran, et une caméra vidéo, et les personnes à notre stand verront leur squelette en 3D. Il faut avoir un visuel qui attire, il y a énormément de monde mais tout le monde ne s’arrête pas !, précise le CEO de Moovency.

C’est un véritable défi pour les chefs d’entreprise français, les salons aux Etats-Unis ne sont pas les même qu’en France. A Las Vegas, si tu as un stand c’est pour faire du business, c’est pas juste de la communication. En cinq minutes, tu dois être capable de dire quelle solution ton entreprise propose, combien ça coûte, quel niveau de rentabilité et le tout en anglais. Depuis 3 ans, nous avons accompagné 8 entreprises au CES, on leur propose un programme de préparation trois mois avant le jour J, notamment des pitchs en anglais, il faut donner une bonne image, c’est leur crédibilité qui est en jeu”, affirme François Cormier, directeur du Village by CA.

“Montrer qu’on est capable de faire du business en France”

François et Pierre de la start-up Moovency ont évidemment préparé leur voyage. “Nous avons plusieurs rendez-vous calés, avec General Motors, Total, on a contacté Mercedes Benz. On va aux Etats-Unis pour rencontrer des américains, des canadiens et aussi montrer qu’on est capables de faire du business en France. Les leaders des grands groupes français sont plus disposés à Las Vegas, plus à l’écoute”, remarquent-ils. Même constat pour l’équipe de XP Digit spécialisée dans les technologies de géolocalisation de proximité dans le secteur de l’industrie : elle conçoit des applications mobiles et des objets connectés. Elle présente au CES, KypSafe, nouvelle version, une barrière de sécurité virtuelle générée grâce à un kit de balises émettrices et réceptrices communicantes reliées à une application mobile. “En France, les décideurs sont loin, difficile de les toucher. A Las Vegas, ce sont eux qui viennent chercher les innovations. Nous visons des délégations d’Enedis, Bouygues et bien évidemment les majors américaines de l’énergie, du pétrole”, explique Benoît Bellavoine, directeur d’XP Digit.

Les équipes du Village by CA ont aussi briefé les start-up participantes des opportunités que leur offre cette participation au CES :” Il faut parfois faire 6 000 kilomètres pour obtenir un entretien avec une grosse entreprise française qui est à 200 km de chez soi ! Avoir un stand à Las Vegas, c’est un gage de qualité pour ces grands groupes qui sont donc plus à l’écoute de l’autre côté de l’Atlantique ! s’en amuse presque le “Maire” du Village. “De dire que l’on est au CES, ou qu’on y a été, c’est un élément rassurant pour les entreprises”, renchérit Benoît.

De start-up aux entreprises bretonnes plus confirmées telles que Klaxoon, Steeple ou Delta Dore, l’objectif est de présenter les innovations qui ne sont pas encore sur le marché ou commercialisées depuis 12 mois maximum avant janvier 2020 et tester leur attractivité sur le marché international.

Un accélérateur pour les entreprises

Klaxoon, dont le siège social se situe à Rennes, avec des bureaux à New York et à Boston, a crée des outils collaboratifs pour faciliter les réunions en limitant au maximum le temps entre l’émergence d’une idée, son expression, puis sa formalisation sous forme de plan d’actions. L’entreprise présente cette année sa nouveauté Teamplayer, qui devrait être lancée en juin 2020 : une console mobile qui transforme n’importe quel écran en un espace de travail collaboratif intelligent. Une première déjà primée par deux Innovation Awards dans les catégories Mobile Device et Computer Hardware au CES 2020 de Las Vegas. “Nous sommes impatients de voir comment chacun va s’en saisir pour transformer sa manière de collaborer et remettre l’humain au cœur de l’espace de travail. » déclare Matthieu Beucher, fondateur de Klaxoon.

Dilepix est une des autres start-up bretonnes présentes au CES. L’entreprise a développé une solution numérique qui permet, grâce à l’intelligence artificielle, une analyse rapide et en temps réel d’images de haute précision provenant des objets connectés d’une exploitation agricole. ” Nous sommes là pour nous faire connaître, montrer aux américains que l’on n’a pas peur de venir, avec pour perspective de conquérir le marché américain en 2021. A notre stand, nous aurons 1/3 d’américains, 1/3 de français et 1/3 du reste du monde essentiellement Asie et Amérique du Sud”, explique Alban Pobla co-fondateur de Dilepix. “Un salon avec une telle ampleur, les investisseurs, les décideurs, les médias du monde entier, sont présents. Le CES 2020 est une étape-clé pour notre entreprise.” L’équipe de XP Digit va livrer sous peu son produit KypSafe version 2 : “nous sommes prêts à enregistrer des commandes ! Repartir ne serait-ce qu’avec une commande, ce serait le graal mais si on peut avoir entre 5 et 10 leads qualifiés avec des rendez-vous à la clé, ça serait déjà super. Le CES est un des plus gros salons au monde, cela a un aspect commercial important pour notre développement.”

Un stand au CES de Las Vegas coûte 10 000 euros, les start-up suivies par le Village by CA n’en paient que 2 000 euros : “C’est dans l’ADN du Village d’accompagner et d’aider au développement d’entreprises innovantes, nos actions sont dédiées à l’accélération des start-up”, précise le “Maire” du village. Coup de projecteur, coup de boost ? Quoi qu’il en soit, les entreprises participantes au CES ont tout à y gagner.