“Le 11 Mai, je continue de gérer la crise avec mes équipes”. Quel est le quotidien des élus ? En quoi leurs missions ont changé avec le confinement ? Portrait de Sébastien Miossec, maire de Riec-sur-Bélon, commune de 4 200 habitants dans le Finistère.

Il a fallu trouver le temps de répondre à nos questions, jour déterminé mais horaire modifié “j’ai une réunion qui s’est rajoutée à 18h30, et je suis bavard”. Sébastien Miossec a 37 ans, maire de Riec-sur-Bélon depuis 12 ans et fraîchement réélu au premier tour le 15 mars dernier, “il n’y avait qu’une liste”, précise-t-il. Ce qu’il vit là, il ne l’aurait pas imaginé une seconde. “Le 12 mars, quand Emmanuel Macron parle, je me dis que ce n’est peut-être pas si grave, les élections sont maintenues, puis le coup de massue avec l’annonce de la fermeture des bars et restaurants….En tant que maire, le 13 au matin, il a fallu organiser la fermeture des écoles, l’accueil des enfants des personnels soignants. C’est le flou total, je pense à mes agents, comment on fait, comment on gère ?” Sébastien Miossec met sa casquette de “chef d’entreprise” d’une collectivité et pense à la sécurité de ses équipes, volontaires mais inquiètes. En plus de cette casquette, l’élu a celle de président de Qimperlé Communauté, communauté d’agglomération qui regroupe 16 communes. Le portage des repas, l’assainissement, le ramassage des déchets sont des services qui dépendent de l’agglomération, services maintenus grâce au volontariat des agents. “Notre premier réflexe a été de mettre de la distance entre les personnes qui travaillent ensemble, pour les espaces verts, c’est pas difficile mais pour les écoles, nous leur avons fait prendre une forme de risque parce qu’on n’avait pas de masques”.

“Nous avons passé plusieurs jours schizophréniques”

Faire ou pas faire ? Comment ? Dans quels délais ? Ces questions Sébastien Miossec ne cessent de se les poser depuis le mois de mars. “Avec les élus de la communauté d’agglomération, nous avons fait une commande commune de 61 000 masques soit 1 par habitant, mais nous avons passé plusieurs jours à nous demander s’il fallait commander ou pas, est-ce que ce sera obligatoire ou pas pour la population. La livraison est prévue la semaine du 11 Mai et puis, finalement, on entend que les pharmacies en ont plein”, constate, un peu perdu, le maire de Riec-sur-Bélon. Il met à disposition des locaux de la commune à des couturières volontaires qui s’organisent dans la production de masques en tissu. Le maire, élu depuis 12 ans, ne sent pas spécialement d’inquiétude chez ses habitants mais des interrogations oui ! “J’ai vu des colères s’exprimer car les gens pensent que le maire sait tout mais quand le Président parle à la télé, on apprend les choses en même temps qu’eux ! Nous sommes dans le même flou.”

“Je me sens seul”

Sébastien Miossec reconnaît qu’il ne supporte pas bien sa nouvelle “vie de maire” dû au confinement. Il a du mal à être seul 90% du temps pour faire face à de telles responsabilités. “Pour moi, être maire c’est un travail d’équipe. Nous communiquons beaucoup par mail, je passe 6 fois plus de temps au téléphone que d’habitude, mais les échanges directs avec mes collaborateurs, tout ça me manque beaucoup”, avoue l’édile. Le Président de la République donne le soin aux maires et préfets de mettre en place des plans de déconfinement. “A notre échelle de commune, c’est grâce au réseau d’élus, en communauté d’agglomération, que l’on peut gérer ces situations. Une fois par semaine, nous échangeons sur nos problématiques, nous mettons en commun nos questions, nos doutes, c’est essentiel”, explique-t-il. “Et qu’en est-il de la réouverture des écoles, vous savez ce que vous allez faire?” demandais-je naïvement. “Oh non!”, répond Sébastien Miossec du tac au tac. Le maire attendait beaucoup de l’allocution du Premier Ministre ce mardi, il n’est pas plus avancé aujourd’hui. Alors les maires des 16 communes de l’agglomération ont mis en place un groupe de travail pour échanger les informations. Ils s’accorderont sur la marche à suivre. Le déconfinement n’est qu’une étape de plus. Il va falloir mesurer l’impact économique et social de cette crise, aider les plus démunis, les chefs d’entreprise fragilisés. Bref, nous dit le jeune maire de 37 ans, réaliste… “le 11 mai, avec mes équipes, je continue de gérer la crise.”